Première nuit
Je lisais aujourd'hui le journal que Hubert Nyssen, le fondateur d'Actes Sud, tient désormais sur son blog. Il raconte simplement son quotidien, très banal, Noël, le repas en famille, les amis qui viennent le voir, qui vieillissent. Pourtant, j'avais envie d'en savoir plus, mais je crois que c'est pour de très vilaines raisons. Nyssen a un vie bien remplie, des amis prestigieux, une carrière qui ne l'est pas moins, certainement une très belle maison. Il est cultivé, sait écrire. Je le jalouse, ma maison est moche (d'ailleurs, elle ne m'appartient pas), ma situation amoureuse peu enviable, mon travail m'ennuie, je n'ai aucun talent... et je pourrais continuer ainsi très longtemps. Etre un intellectuel bourgeois de gauche me semble enviable, élégant, rassurant. On peut avoir un avis sur tout, des certitudes, des doutes brillants, des inquiétudes créatrices.
Je me souviens d'un dessin de Reiser : les riches bronzent, les pauvres attrapent des coups de soleil. Avouez qu'il faut vraiment être idiot pour avoir des rêves aussi minables. C'est un luxe que je veux m'offrir, celui de pouvoir me plaindre à loisir, d'être jaloux, de croire que la vie des autres est nécessairement meilleure que la mienne. De me considérer comme pauvre alors que je gagne un salaire honorable.
